10/05/2009

«Fou de Lautréamont»: Philippe Sollers


Ph. Sollers résume pour le Nouvel Observateur l'histoire de la réception de Lautréamont à l'occasion de la parution de la nouvelle édition de la Pléiade. Rien de très neuf, mais peut-il y en avoir sur ce sujet?

«Vous ouvrez mécaniquement la nouvelle Pléiade consacrée à Lautréamont, vous croyez connaître l'auteur, depuis longtemps archivé parmi les grands classiques du XIXe siècle, vous jetez un coup d'œil sur le début des «Chants de Maldoror», et vous vous apercevez que, croyant les avoir lus autrefois, vous êtes saisi d'un léger vertige : «Plût au ciel que le lecteur enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit...» Ça y est, vous êtes pris, ou repris, vous voulez en savoir davantage, vous vous enhardissez, vous devenez féroce, ce qui vous change de la lourde torpeur agitée de l'actualité. Mais votre surprise augmente en découvrant que ce volume est suivi des principaux textes écrits sur les «Chants» et sur «Poésies» depuis cent quarante ans : Breton, Aragon, Artaud, Gracq, Blanchot et bien d'autres, un fabuleux roman. Court-circuit massif : après deux guerres mondiales, des massacres insensés et des tonnes de littérature, Isidore Ducasse, comte de Lautréamont, est plus présent, plus vif et plus énigmatique que jamais.

10/02/2009

Isidore aux enchères



Pour 40 000 à 50 000 €, selon l'estimation initiale, un ducassien en moyens pourra se procurer le 20 octobre prochain, dans la vente organisée par la maison Alde, la photographie présumée originale d'Isidore Ducasse.

Cette «photographie sur papier albuminé 9,2 x 5 cm, montée sur carte à la marque du photographe Blanchard, Place Maubourguet à Tarbes», représente, dit le catalogue de la vente, «l'unique exemplaire du seul portrait connu d'Isidore Ducasse. Ce portrait provient de l'album de photographies de la famille de Georges Dazet, condisciple d'Isidore Ducasse au Lycée de Tarbes de 1860 à 1867 ; son père Jean Dazet était le tuteur d'Isidore Ducasse. C'est dans cet album que Jean-Jacques Lefrère l'a retrouvé, identifié et publié en 1977 dans Le Visage de Lautréamont (P. Horay, 1977) ; dans l'album, la photographie était présentée en regard d'une photographie du jeune Dazet.»

Plusieurs autres lots concernent des documents liés à Dazet (correspondance, livres de prix, etc.).

Le 20 octobre 2009 à 14h, Salle Rossini, 7, rue Rossini, 75009 Paris.
Exposition : Le 18/10 de 11h à 18h et le 20/10 de 11h à 12h
Informations : Commissaire-Priseur Jérôme Delcamp
Expert :
Monsieur Thierry Bodin
Librairie Les Autographes
45, rue de l’Abbé Grégoire - 75006 Paris
Tél. : 01 45 48 25 31
Facs : 01 45 4892 67

Catalogue complet de la vente au format pdf

9/30/2009

Yves Bonnefoy: Transfigurations, Nerval, Lautréamont, les surréalistes


Yves Bonnefoy
Transfigurations, Nerval, Lautréamont, les surréalistes


Conférence donnée à la Bibliothèque nationale de France le 28 novembre 2001, maintenant en ligne sur le site de la BnF.

Cycle Le poète et le flot mouvant des multitudes

Au tournant du XVIIIe siècle, le divin n’apparaît plus comme un moyen d’identification des êtres. Cette transformation du regard a, comme le souligne Bonnefoy, influencé le poète, ce témoin du monde. Avec l’effondrement des signes divins, le poète cherche des signes pouvant inscrire les êtres dans la réalité. Si certains poètes voient dans les signes extérieurs des hommes un moyen de les identifier, d’autres les trouveront dans la rêverie.
C’est le cas de Gérard de Nerval qui, dans la plupart de ses recueils et notamment dans Sylvie, propose un monde empreint de mythologie. Les villes deviennent des réserves de signes.
Dans l’exemple de Nerval, Bonnefoy démontre que l’apparition du rêve est une première tentative de réponse au néant de la condition humaine relevée dans la foule moderne parisienne.
Le surréalisme reprendra cette thèse. André Breton, tête de file du mouvement surréaliste, intégrera la femme surréelle dans ses écrits aux accents nervaliens.
Toute écriture s’attachant à faire émerger la transcendance de notre réalité dans le rêve poussera le poète à fuir la ville et ses fantômes qui apparaissent même en « plein jour ».

9/29/2009

Nelly Arcan et Maldoror


Le Devoir, Montréal, Édition du mardi 29 septembre 2009

«J'étudiais la philosophie, elle, la littérature. Nous nous sommes rencontrés grâce à une amie commune. Je me souviens de ses yeux bleus qui contrastaient de manière provocante avec sa chevelure noire, longue et bouclée. C'était l'Isabelle d'avant Nelly. Son esprit vif m'avait autant séduit que ses courbes naturellement voluptueuses. C'était l'Isabelle d'avant le bistouri. Cet été-là, j'ai eu le très grand privilège d'entretenir avec elle une liaison intime. Nous pouvions passer de longs moments à débattre. Ses objections étaient solides, ses arguments dévastateurs. Car Isabelle n'était pas qu'une femme de lettres, c'était aussi une femme de philosophie. Un jour, elle voulut connaître mon opinion sur un travail d'université qu'elle avait écrit sur Nietzsche et Lautréamont intitulé: L'homme qui veut périr. Elle y faisait un brillant rapprochement entre le philosophe et son poète préféré sur le thème de la mort.

Le matin de l'annonce tragique de son décès, je sors de mes boîtes le manuscrit que j'ai conservé et le relis. Elle ne m'en voudra pas d'en partager avec vous un court extrait.

Isabelle éprouvait une véritable fascination pour le personnage principal des Chants de Maldoror de Lautréamont. Maldoror méprise et déteste Dieu ainsi que sa création, l'humanité, qu'il qualifie de vermine. Sa révolte est telle qu'il tente de surpasser Dieu dans sa terrible cruauté. Mais la haine de Maldoror se retourne ensuite contre lui-même: «Maldoror détruit le monde et, dans la continuité de son geste, va au-devant de sa mort. Dégoûté, il cherche à mourir, ne pouvant supporter d'avoir pour dieu une telle vilenie, une telle bassesse, dépourvue de grandeur morale et de pureté; faute de ne pouvoir aspirer à la plénitude d'un au-delà, il préfère périr, activement, dans la révolte la plus totale». (Extrait du texte d'Isabelle).

Loin de moi l'intention d'interpréter naïvement le geste d'Isabelle à la lumière de ces écrits. Cette énigme restera à jamais impénétrable. Cependant, cette fascination pour Maldoror apporte peut-être quelques fragments de réponses. Contrairement au personnage de la mère dans Putain, la «larve» tant méprisée qui se laisse passivement mourir, Maldoror est puissance affirmative jusque dans la volonté de mort. Comme quoi s'enlever la vie peut être le lieu d'une dernière affirmation.»
David Hughes, Montréal, le 26 septembre 2009

9/01/2009

Maldoror au Musée d'Orsay

Lautréamont et ses lecteurs

L'ancienne Pléiade n'est désormais plus disponible, en attendant la nouvelle: «Etablie par Jean-Luc Steinmetz et publiée dans la collection de La Pléiade (Gallimard), la nouvelle édition des Œuvres complètes de Lautréamont donne à relire, au sens fort, un auteur qui a secoué toutes les notions permettant, à son époque, de penser la littérature. Nourrie de romantisme noir, sa prose poétique a suscité jusqu'à aujourd'hui autant de lectures que de lecteurs prestigieux, de Poulet-Malassis et Léon Bloy à André Breton et Le Clézio ou encore Philippe Sollers – qui évoquera lui-même quelques-uns de ses "passeurs" sans lesquels Isidore Ducasse serait peut-être resté plus longtemps lettre morte.

le 15 octobre 2009
Musée d'Orsay
auditorium niveau -2

Accès gratuit dans la limite des places disponibles
Entrée réservée porte C

Avec la participation de Jean-Luc Steinmetz, éditeur des Œuvres complètes de Lautréamont ; Philippe Sollers, écrivain ; Stéphane Guégan, musée d'Orsay

En partenariat avec les éditions Gallimard

7/14/2009

Lautréamont politique

LA POLITIQUE À TRAVERS
LAUTRÉAMONT
L’envers d’une raison instinctuelle
de Sinan EVCAN
Préface d’Alain BADIOU
Coll. La philosophie en commun
ISBN : 978-2-296-09148-1 • 25 € • 284 pages

Dans cet ouvrage, Sinan Evcan essaye de distinguer, à travers Les Chants et les Poésies de Lautréamont, les excès instinctuels des excès événementiels, la psychologie de la philosophie, la politique du pouvoir, l'amour de la possession. La réactivité maldororienne permet de situer « la politique » au sens commun par rapport à une « politique de vérité » au sens d'Alain Badiou. Une politique de vérité contre une politique du pouvoir. Ainsi, il faudrait une articulation des procédures de vérité d'Alain Badiou à sa version maldororienne.
D'une part, l'art, la science, l'amour et la politique que Badiou définit comme quatre procédures de vérité. D'autre part, le talent, le génie, la beauté et le pouvoir qui, selon Lautréamont, sont les « délices de la cruauté ». S'il existe une transitivité entre ces deux séries, le talent s'attachera sûrement à l'art, le génie à la science, la beauté à l'amour et le pouvoir à la politique. La question est de savoir comment devenir un artiste sans talent, un scientifique sans génie, un amoureux sans beauté et un militant sans pouvoir. Est-ce que la nature fournit à chaque être au moins un de ces attributs ? Ou bien ces attributs sont-ils déjà ces « (in)existants » qui attendent d'être relevés par une procédure de vérité ? La politique à travers Lautréamont essaye de resituer le concept de « la politique » entre cette nature et ces « (in)existants ».

L’auteur : Sinan EVCAN, docteur en philosophie, enseigne la politique et la philosophie en Chypre.

6/14/2009

Maldoror par le Théâtre d'Or

Au petit théâtre du Bonheur
6 rue Drevet
75018 Paris
métro : Abesses
Réservation conseillée (le lieu est petit) : 01 40 12 80 11

Les Chants de Maldoror” un texte libre et lucide, féroce, jubilatoire. Une parole bouleversante par son action concrète. Dire “Les Chants de Maldoror” est d’une grande jubilation: la jubilation de la lucidité. Tout faux-semblant est balayé et il reste un amour et une liberté infinis. Alors public et acteur peuvent être dans la présence.

« Tout est fait dans la distance, l'ironie, la finesse... Du grand art. »
(La Montagne)

Le Théâtre d’Or

theatredor.blogspot.com
http://theatredor.free.fr

3/17/2009

Alain Juppé en Maldoror


«Quand j'arpente la plage d'Hossegor où j'entraîne de plus en plus souvent Isabelle, je repense parfois à ma « tentation de Venise ». Il m'arrive de rêver d'un vaste bureau avec vue sur la mer. Mon regard irait de mon écran d'ordinateur et du clavier sur lequel je laisserais vagabonder mes pensées... jusqu'à mon complice de longtemps, aimé et redouté, mon « vieil Océan, ce grand célibataire ». Sa violence, sur la plage des Estagnots, m'attire mystérieusement, dangereusement. Je le dévisage. Je lui parle. Je me prends pour Lautréamont. [...] Tout bien réfléchi, je ne me sens pas prêt pour la contemplation. [...]»
Je ne mangerai plus de cerises en hiver..., Plon, 252 p.

Transmis par Kevin Saliou