9/29/2013

Alejandra Pizarnik et Lautréamont

«Figure majeure de la poésie argentine, suicidée en 1972, à 36 ans, Pizarnik est une sorte de Pythie moderne qui sape le mythe de l’inspiration», selon Louise de Crisnay dans l’article qu’elle lui a consacré dans Libération le 10 avril 2013 pour signaler le début de la publication en français aux Éditions Ypsilon de l’œuvre complète de cette poétesse, pour qui Maldoror fut une référence décisive.
Une jeune universitaire mexicaine, Verónica González Arredondo (Universidad Autónoma de Querétaro) a réalisé un important mémoire sur l’omniprésence de la figure de Lautréamont à toutes les étapes de la recherche tragique d’Alejandra Pizarnik.
On trouvera dans les Cahiers Lautréamont le texte complet de ce travail, Las uniones posibles
entre la poesía de Alejandra Pizarnik y Los Cantos de Maldoror
.
Quelques erreurs factuelles et l’absence de référence aux recherches contemporaines en français sur Isidore Ducasse n’enlèvent rien à l’intérêt de l’étude et permettront de faire la connaissance d’une personnalité et d’une oeuvre exceptionnelles.

9/18/2013

Le massacre continue

S'il fallait ajouter aux mises en garde contre les approximations et les erreurs fréquentes dans les articles de Wikipedia, celui que l'encyclopédie en ligne consacre à Lautréamont fournirait quelques arguments supplémentaires: citations inexactes, erreurs factuelles, références insuffisantes, connaissance manifestement nulle de la recherche sur le sujet depuis une une vingtaine d'années, Lagarde et Michard érigé en autorité et Pleynet devenu «Pleyney» -- entre autres insignes faiblesses. On a vu pire mais cet article aurait fait la joie de Flaubert et aurait pu nourrir son Sottisier.

9/17/2013

Billard

On connaît l'affirmation de Ducasse dans Poésies II
«A travers le gouvernail qui dirige toute pensée poétique, les professeurs de billard distingueront le développement des thèses sentimentales. Le théorème est railleur de sa nature. Il n'est pas indécent. 
Le théorème ne demande pas à servir d'application. »

QUENTIN-MEILLASSOUXSur ce thème -- le billard -- Ducasse ne manquait pas de prédécesseurs, philosophes distingués, de Hume à Kant, ni de successeurs, comme Popper. Aujourd'hui, c'est Quentin Meillassoux qui reprend à son tour l'exemple du billard trouvé chez ces philosophes pour en faire le fil conducteur d'un très riche petit essai sur la «fiction des mondes hors-science». Il y reproduit une nouvelle d'Asimov où figure une exceptionnelle partie de billard entre un homme de théorèmes et un génie des applications -- mais il oublie, hélas!, de citer ce passage de Ducasse, pourtant parfaite expression de sa problématique. On n'oubliera en revanche bien sûr pas dans cette veine l'article «carambolage» du toujours remarquable Dictionnaire du Cacique, de Jacques Noizet.