2/14/2011

Houellebecq et Lautréamont


[...] Eh bien, non, ce dernier emprunt n’est pas le fait de M. Houellebecq : il a été commis, il y a près de 140 ans, par un certain Isidore Ducasse, qui composait alors ses Chants de Maldoror. Pour nourrir une strophe de son Chant V, ce dernier avait ouvert l’encyclopédie d’histoire naturelle publiée, quelques décennies plus tôt, sous la direction d’uncertain Jean-Charles Chenu, et avait recopié ce passage, sans le doter de guillemets ni le présenter en italiques. On le voit, M. Houellebecq a repris à la lettre ce procédé de création littéraire. Entendons-nous bien : il ne s’agit pas ici d’un romancier pillant un autre romancier, ce qui se voit parfois, paraît-il, mais d’un auteur greffant sur son œuvre une littérature totalement étrangère à la forme romanesque, comme certains sculpteurs recourent à des objets utilitaires pour les changer en œuvre d’art. [...]
J.-J. Lefrère, La Quinzaine Littéraire, Nov. 2010