9/26/2024

Le «Plan Isidore» dans le dixième «Mundial Poetico» de Montevideo

                                                            Le poète, musicien et performeur 
Martín Barea Mattos est l'animateur de ce festival poétique mondial à la Fondation Mario Benedetti (de fait, essentiellement sud-américain).  On peut le soupçonner de cultiver une certaine ressemblance avec les portraits imaginaires de Lautréamont.

Surréaliste! Isidore meurt de plus en plus jeune


La vie d'Isidore Ducasse est le terreau de choix des biografictions les plus fantaisistes, c'est connu. Le chapitre «Parapluies et machine à coudre» de l'actuelle «exposition du centenaire» (rien que ça), vise un record olympique. Le podcast (citation ci-dessous) illustrant ce chapitre laisse généreusement à Isidore jusqu'à 23 ans pour disparaître. Mais le document projeté sur les cimaises ne va, lui, chichement, que jusqu'à 21 ans! Qu'est-ce que Maldoror peut bien avoir fait aux commissaires (c'est bien de lui, notons-le) pour les troubler à ce point? On ne l'a pas vérifié mais on peut s'interroger sur le reste des textes offerts aux badauds qui défilent devant quelques chefs-d'oeuvre perdus dans une nuée de productions maniéristes répétant ad nauseam pendant plusieurs décennies la rhétorique visuelle inventée dans les années 20.



[Podcast] «3. Parapluie et machine à coudre [mélodie mystérieuse au piano] L’écrivain Isidore Ducasse, Comte de Lautréamont, mort en 1870 à l’âge de vingt-trois ans, est redécouvert par Philippe Soupault et rapidement célébré par les surréalistes. Leur fascination tient, entre autres, à un vers des Chants de Maldoror : « beau […] comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie ! » Cette rencontre arbitraire s’imposera comme la définition de la beauté pour les surréalistes.»


Man Ray, Beau comme (...), 1932-1933


Man Ray,  Hommage à Lautréamont, 1931-1932






9/17/2024

Maldoror phraseur. Hommage à Steve Murphy


Arnaud Bernadet, « Maldoror phraseur »

Des Chants de Maldoror aux Poésies, Lautréamont se revendique certes parodiste ou même « autoparodiste ». Mais à côté du paraphraseur qui fait de la copie loriginalité même, il faut compter encore le phraseur, celui qui exagère délibérément le ton et affiche sa manière en toute immodestie. Ce sujet enfle à dessein la phrase et devient finalement hâbleur. Il soumet de la sorte la communication avec le lecteur à un régime dincertitude et dirréalité.

9/06/2024

Les Chants de Maldoror théâtralisés





Philippe Martin vous invite à découvrir Les Chants de Maldoror 

lors de lectures théâtralisées organisées dans l'intimité du petit Auditorium (27 places).


Maldoror, être surhumain, archange du Mal, lutte sous différentes formes contre le Créateur. Et commet des actes …. qui provoquent l’effroi… ou le rire. Dans cette épopée moderne les objets et les animaux parlent, les métamorphoses se multiplient. L’hallucination cède la place à l’invisible et l’amour infini saigne, baillonné par les mots. Cette prose est du cristal noir.


Les Chants de Maldoror, œuvre parmi les plus atypiques et les plus surprenantes de la littérature, sont composés entre 1868 et 1869 et publiés cette même année. Les six chants qui forment cet ouvrage sont l'œuvre d'un homme de vingt-deux ans que la mort emportera à peine un an plus tard. L'influence de ces pages ira grandissante tout au long du XXè siècle.

Samedi 23 novembre 2024 à 18h.
Samedi 14 décembre 2024 à 18h.

Samedi 25 janvier 2025 à 18h.


Tout public. Durée : 1h


Théâtre Francis-Gag

4 rue de la Croix

06300 Nice

FRANCE

Plein tarif : 15 €.


04 92 00 78 50



6/06/2024

Lautréamont lecteur de Baudelaire, par Claudio Willer

Un intéressant essai en portugais (Brésil) par un grand connaisseur de Lautréamont, décédé récemment.


«Cet essai reproduit, avec quelques modifications, ce qui est publié dans Tempo de Lautréamont, Fábio Ferreira de Almeida, éditeur, Goiânia, Edições Ricochete, 2014 – un recueil que je recommande pour une lecture complète, en raison de la qualité des textes d'autres spécialistes qui le composent. Il s'agit du « document » de la conférence du même titre au VIIIe Colloque de Philosophie et Littérature, organisé par la Faculté de Philosophie, Université Fédérale de Goiás, auditorium PUC-GO, Goiânia, GO, le 17 mai 2013. Il reprend ce qui y a été publié dans mes éditions de l'œuvre complète de Lautréamont (Iluminuras, 1997 et rééditions successives) et dans le chapitre sur Lautréamont dans Un enchantement obscur : gnose, gnosticisme et poésie moderne (Civilização Brasileira, 2010). Je le reproduis ici pour des raisons pédagogiques, afin de faciliter l'accès des participants à mes cours et conférences.»

(Traduction de la présentation de l'article republié sur le site de Academia.edu).



Claudio Willer est également l'auteur de Surrealismo no Brasil.

4/16/2024

Maldoror en estonien


Hieronymuse sarjas ilmus sürrealistide eelkäija üks olulisemaid teoseid




(Traduction Google)
Les « Chants de Maldoror » du comte de Lautréamont, traduits en estonien par Kristjan Haljak et publiés par Kaksikhammas, ont été publiés dans la série Hieronymus du fonds culturel. Il s'agit d'une œuvre de soixante poèmes en prose dont les parties sont liées entre elles par le personnage fictif de Maldoror.Maldoror est un personnage cruel, insidieux et malveillant, pourtant très versé dans la littérature moraliste française et maîtrisant également le pathétique romantique creux, le parodiant avec beaucoup de délectation.

Comte de Lautréamont, « Chants de Maldoror ». Photo:Raamat
L'auteur présente ainsi son personnage : « Je vais vous dire en quelques lignes que dans les premières années heureuses de sa vie, Maldoror était bon ; maintenant c'est fait. Mais ensuite il s'est rendu compte qu'il était né maléfique : quel destin extraordinaire ! »
Tout au long de l'ouvrage, l'auteur entretient un interrompu avec le lecteur, comme pour tenter de le convaincre de la justesse de sa vision du monde. Pourtant, c'est un double coup dur, car les excès stylistiques, les hyperboles grotesques et les raisonnements extrêmes de Lautréamont se retournent souvent contre eux.
Le comte de Lautréamont, de nom civil Isidore Ducasse (1846-1870), était un poète français d'Uruguay, principalement connu comme l'auteur des « Chants de Maldoror ». On sait peu de choses sur la vie de Lautréamont, si bien qu'une aura de mystère entoure sa personne. Au début du siècle dernier, l'œuvre de Lautréamont fut reprise avec joie par les surréalistes, qui voyaient en lui un préalable important et depuis lors elle est devenue de plus en plus connue.






3/21/2024

François Sureau et Lautréamont


F. Sureau est un homme de lettres au sens le plus raffiné, comme il n'y en a pas beaucoup, pour qui la littérature est le lieu de rencontre de toutes les complexités humaines. La richesse et l'intensité de ses lectures sont en évidence dans L'Or du Temps (Gallimard, 2020) qui vient de paraître en Folio. Lautréamont y est une figure tutélaire dès les premières pages, défendue contre tous les affadissements, sous l'invocation d'une oeuvre du peintre Abram Bagramko datée de 1938, dont on comprend vite qu'il s'agit d'un double fictionnel de l'auteur. La Seine, fil conducteur de ce qui est une mosaïque d'essais composant un quasi-roman, c'est la littérature, mince fleuve de temps mais où tout trouve son origine et sa fin.


3/17/2024

La Fulgore porte-lanterne


La moindre déviation du cours normal de la langue suscite chez les lecteurs de Lautréamont, on le sait, de frénétiques interrogations. 
Ainsi s'est-on beaucoup étonné de lire ceci dans le Chant V, au milieu de l'histoire de Réginald et Elsseneur:

 «Le vol de la fulgore porte-lanterne, le craquement des herbes sèches, les hurlements intermittents de quelque loup lointain accompagnaient l'obscurité de notre marche incertaine, à travers la campagne. Quels étaient donc tes valables motifs pour fuir les ruches humaines? Je me posais cette question avec un certain trouble; mes jambes d'ailleurs commençaient à me refuser un service trop longtemps prolongé. Nous atteignîmes enfin la lisière d'un bois épais, dont les arbres étaient entrelacés entre eux par un fouillis de hautes lianes inextricables, de plantes parasites, et de cactus à épines monstrueuses».  

Le nom de cet étrange insecte, appartenant à une espèce d' hémiptères de la famille des Fulgoridae, n'est-il pas officiellement masculin? 
Une note sur ce sujet dans ce même blog, en janvier 2008, révélait déjà de la part d'Alain Selle-Lapierre (transparent pseudonyme de Jean-Pierre Lassalle) «une lecture probable par Ducasse d'un ouvrage de Félix-Archimède Pouchet, L'Univers, les infiniment grands et les infiniment petits (1865)». 
Ajoutons à ce brûlant dossier de nouvelles lumières (c'est le cas de le dire). 
Un article d'un certain Jules Talbert publié aux pages 186-188 du Moniteur de la Jeunesse. Journal de la famille illustré, volume 1865-1866, s'intitule sans ambiguité LA FULGORE PORTE-LANTERNE. Cet article cite lui-même longuement (sans donner sa source) un récit curieusement maldororien. 
Ducasse s'intéressait beaucoup à la jeunesse, on le sait également. Faut-il le supposer dès lors lecteur de ce Moniteur?