Tout sur Isidore Ducasse et Lautréamont.
Textes, Documents, Actualités, Bibliographie
4/27/2019
Maldoror censuré en Australie (mais en 1946)
La très libérale Australie mettant Maldoror sous le boisseau? La saisie par le Service des Douanes australien de l'oeuvre traduite en anglais par John Rodker pour la Casanova Society fait les gros titres (consultables grâce au formidable effort de numérisation globale réalisé sous l'égide de la Bibliothèque Nationale australienne):
The Herald (Melbourne, Vic. : 1861 - 1954)
mar. 8 oct. 1946
Page 7
SEIZURE OF "MALDOROR".
Mais la traduction américaine de Guy Werham est elle aussi interdite d'entrée.
Voilà donc Maldoror mis sur le même plan que Ulysses.
Ce sont les responsables de la Bibliothèque Publique qui, heureusement, sauvent l'honneur en exigeant que l'oeuvre incriminée soit consultable par les chercheurs, car «représentative du Surréalisme», quoique dans de strictes conditions de contrôle:
4/02/2019
3/29/2019
Maldoror habillé en grenouille
Évalué par la maison de vente Pierre Bergé entre 1500 et 2000€ cet exemplaire de l'édition de la Sirène a été vendu (avec les frais) 4762€.
Sa reliure pour le moins originale (et d'un goût qu'on peut contester) aurait été commandée par Georges Bataille - dont on connaît l'imaginaire assez pathologique.
Fine allusion sans doute à l'incipit du Chant Quatrième : «Quand le pied glisse sur une grenouille, l’on sent une sensation de dégoût ; mais, quand on effleure, à peine, le corps humain, avec la main, la peau des doigts se fend, comme les écailles d’un bloc de mica qu’on brise à coups de marteau...».
Sa reliure pour le moins originale (et d'un goût qu'on peut contester) aurait été commandée par Georges Bataille - dont on connaît l'imaginaire assez pathologique.
Fine allusion sans doute à l'incipit du Chant Quatrième : «Quand le pied glisse sur une grenouille, l’on sent une sensation de dégoût ; mais, quand on effleure, à peine, le corps humain, avec la main, la peau des doigts se fend, comme les écailles d’un bloc de mica qu’on brise à coups de marteau...».
Notice du catalogue:
LAUTRÉAMONT (Isidore Ducasse, dit le comte de)
Les Chants de Maldoror avec cinq lettres de l'auteur et le fac-similé de l'une d'elles. Paris, Au Sans Pareil, 1925.
In-12 [189 x 136 mm] de (2) ff., 1 fac-similé, 297 pp. la dernière non chiffrée, (2) ff.: demi-veau vert bronze, plats de veau naturel brun avec, incrustées, les deux parties d'une peau de grenouille, bordures intérieures de veau vert bronze avec large filet au palladium, non rogné, tête dorée, couverture et dos conservés (L. Thalheimer).
Dirigé par René Hilsum, le Sans Pareil fut le premier éditeur des surréalistes qui firent des Chants de Maldoror leur Bible. L'édition renferme le texte de cinq des sept lettres de Lautréamont connues aujourd'hui.
Exemplaire numéroté sur vélin Lafuma de Voiron.
Remarquable reliure de l'époque de Lucienne Thalheimer décorée d'une peau de grenouille incrustée sur les plats.
Relieur de métier, Lucienne Thalheimer (1904-1988) fut active entre 1925 et 1960. Au sortir de l'Art déco, sa rencontre avec le surréalisme fut décisive au point de l'engager à une création propre à se détourner de la surenchère décorative. Son talent enchantait André Breton qui lui confia notamment le manuscrit d'Arcane 17, orné d'une peau de morue.
La reconnaissance accordée à ces “reliures de femmes” aura été tardive, sans doute par “réaction androcentrique” selon le mot de Jean Toulet. Et ce dernier de surenchérir cum grano salis: “Mis à part quelques amateurs assez puissants pour se permettre quelques foucades et passer outre à la réprobation des “vrais” relieurs, il est évident qu'elles ne pouvaient travailler pour les collectionneurs “sérieux” peu disposés à risquer leurs livres dans des mains aussi gracieusement légères” (Jean-Claude Vrain, Reliures de femmes de 1900 à nos jours, 1995, p. 6.- Yves
Peyré, Histoire de la reliure de création 2015, p. 51: “Lucienne Thalheimer est le relieur surréaliste par excellence.
Elle marque une grande date dans l'histoire de la reliure, elle est de ces talents qui orientent un art.”)
[Information de la revue de BnF, Chroniques No 85, et communiquée par Éric Walbecq]
3/28/2019
Les derniers jours de François Ducasse
Pablo Rocca, chercheur montévidéen, vient de publier les conclusions de son étude du très volumineux et très complexe dossier de succession de François Ducasse conservé aux Archives de la Nation de Montevideo.
Article paru dans la revue brésilienne ALEA.

ALEA | Rio de Janeiro | vol. 21/1 | p. 305-342 | jan-abr. 2019
Enigmas para resolver: los últimos días de François Ducasse
Pablo Rocca Universidad de la República Montevideo, Uruguay
Resumen A fines de la década del noventa, la investigación de Jean-Jacques Lefrère sobre Isidore Ducasse, su familia, sus presuntos amigos y su tiempo permitió acercarse a algunas figuras que, hasta entonces –y a pesar del esfuerzo pionero de los Guillot Muñoz y de Pichon-Riviére–, eran oscuras siluetas o contornos imprecisos. Este trabajo propondrá algunas hipótesis sobre cómo pudieron ser los últimos días del anciano y retirado diplomático François Ducasse, quien sobrevivió a su hijo casi veinte años, y cómo pudo ser el reducido ambiente en que se movía. Para eso ha sido fundamental una documentación aún inexplorada –hasta donde sabemos–, que se anexa parcialmente al final del artículo. Tras sus pasos perdidos en su larga residencia final en el Hotel des Pyramides, donde murió el 18 de noviembre de 1889, se atisba el espectro de Lautréamont.
Pablo Rocca semble ne pas avoir eu connaissance d'une étude du même dossier publiée antérieurement par le ducassien Jacques Duprey dans un livre édité à compte d'auteur mais jamais diffusé.
Une version résumée de ce même article figure dans les actes du récent Colloque de Montevideo
3/07/2019
Maldoror e la verità pratica

Admirateur de l'anarchisme punk, C. Mangone est aussi un excellent connaisseur des grands auteurs qu'il admire, agitateurs eux aussi à leur façon: Péret, Blanchot, Char, Vaneigem, Artaud.
Non moins excellent traducteur, il est encore un essayiste d'une grande énergie expressive, dans une langue puissante et élégante tout à la fois.
Difficile de résumer un livre fidèle à l'ébranlement permanent causé par la découverte de Maldoror et qui en déduit toute une attitude éthique et ontologique à l'égard de l'action et de la poésie. Il faut aller y voir vous-même...
Carmine Mangone, Maldoror e la verità pratica, s.l., Ab imis Press, 2017, s.p.m.
www.carminemangone.com
3/03/2019
Les Actes du Congrès de Montevideo 2018 publiés!
La très efficace organisatrice du Congrès des Associations d'études françaises et francophones d'Uruguay et d'Argentine (7-8-9 juin 2018), Alma Bolón, n'a pas traîné pour en faire paraître les Actes. Trois axes y avaient été traités: Lautréamont, Mai 68 et l'érotisme.
Avec quatorze communications, Isidore eut la part du lion, non sans logique pour célébrer son retour dans sa ville natale (souligné par l'illustration de couverture qui reproduit l'oeuvre de Carlos Seveso, Entrada de Ducasse en Montevideo, 1992 ).
Alma Bolón, Maldoror, Lautréamont; Mayo del 68; Erotismo, Sexualidad y contra el hombre que los hace esclavos, Montevideo, Linardi y Risso, Universidad de la República, Facultad de Humanidades y Ciencias de la Educación, Departamento de Letras Modernas, Serie Montevideana no 10, 2019, 427p.
ISBN 978-9974-675-95-7
libros@linardiyrisso.com
www.linardiyrisso.com
Avec quatorze communications, Isidore eut la part du lion, non sans logique pour célébrer son retour dans sa ville natale (souligné par l'illustration de couverture qui reproduit l'oeuvre de Carlos Seveso, Entrada de Ducasse en Montevideo, 1992 ).
Alma Bolón, Maldoror, Lautréamont; Mayo del 68; Erotismo, Sexualidad y contra el hombre que los hace esclavos, Montevideo, Linardi y Risso, Universidad de la República, Facultad de Humanidades y Ciencias de la Educación, Departamento de Letras Modernas, Serie Montevideana no 10, 2019, 427p.
ISBN 978-9974-675-95-7
libros@linardiyrisso.com
www.linardiyrisso.com
12/26/2018
12/09/2018
Helmholtz
L'excellente revue Alliage. Culture-Science-Technique consacre une grande partie de son no. 79 (été 2018) à un imposant dossier sur «Hermann von Helmholtz. Musique et physique».
Les ducassiens liront avec un intérêt particulier l'article très érudit de Stéphane Le Gars sur La réception française des travaux de Hermann von Helmholtz.
On ne lui reprochera évidemment pas d'ignorer la fameuse citation du Chant VI: « Le système des gammes, des modes et de leur enchaînement harmonique ne repose pas sur des lois naturelles invariables, mais il est, au contraire, la conséquence de principes esthétiques qui ont varié avec le développement progressif de l’humanité, et qui varieront encore ».La Théorie physiologique de la musique fondée sur l’étude des sensations auditives venait de paraître en français (traduit de l’allemand par M.G. Guéroult, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, 544 p., Masson 1868), comme le rappelle le Dictionnaire du Cacique : «Seule citation entre guillemets des Chants de Maldoror, l’emprunt ne fut rendu à son auteur que fin 1990 par l’universitaire Henri Béhar, lequel, juré, l’avait relevé, dûment référencé, à la page 36 d’une thèse soutenue en juin 1990 à la Sorbonne nouvelle par Miss Jane Sally Norman, Mise en scène du corps : vers une nouvelle plastique scénique. La phrase citée est mise en évidence par Helmholtz lui-même, qui l’a mise en italiques. Elle se trouve tout au début de la troisième partie du livre, AFFINITÉS DES SONS – GAMMES ET TONALITÉS, au chapitre XIII intitulé Aperçu historique des différents principes qui ont présidé à la formation des différents styles dans le développement de la musique.»
Nous avions nous-même fait observer que cette source pouvait en cacher une autre: le n° 29 du 20 juin 1868 de la Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, qui donnait précisément cette même citation. Sans exclure bien sûr la possibilité -- on le connaît -- qu'Isidore l'ait trouvée dans une autre publication que nous ne connaissons pas...
Illustration: le résonateur de Helmholtz
Les ducassiens liront avec un intérêt particulier l'article très érudit de Stéphane Le Gars sur La réception française des travaux de Hermann von Helmholtz.
On ne lui reprochera évidemment pas d'ignorer la fameuse citation du Chant VI: « Le système des gammes, des modes et de leur enchaînement harmonique ne repose pas sur des lois naturelles invariables, mais il est, au contraire, la conséquence de principes esthétiques qui ont varié avec le développement progressif de l’humanité, et qui varieront encore ».La Théorie physiologique de la musique fondée sur l’étude des sensations auditives venait de paraître en français (traduit de l’allemand par M.G. Guéroult, ancien élève de l’Ecole Polytechnique, 544 p., Masson 1868), comme le rappelle le Dictionnaire du Cacique : «Seule citation entre guillemets des Chants de Maldoror, l’emprunt ne fut rendu à son auteur que fin 1990 par l’universitaire Henri Béhar, lequel, juré, l’avait relevé, dûment référencé, à la page 36 d’une thèse soutenue en juin 1990 à la Sorbonne nouvelle par Miss Jane Sally Norman, Mise en scène du corps : vers une nouvelle plastique scénique. La phrase citée est mise en évidence par Helmholtz lui-même, qui l’a mise en italiques. Elle se trouve tout au début de la troisième partie du livre, AFFINITÉS DES SONS – GAMMES ET TONALITÉS, au chapitre XIII intitulé Aperçu historique des différents principes qui ont présidé à la formation des différents styles dans le développement de la musique.»
Nous avions nous-même fait observer que cette source pouvait en cacher une autre: le n° 29 du 20 juin 1868 de la Revue des cours littéraires de la France et de l’étranger, qui donnait précisément cette même citation. Sans exclure bien sûr la possibilité -- on le connaît -- qu'Isidore l'ait trouvée dans une autre publication que nous ne connaissons pas...
Illustration: le résonateur de Helmholtz
Inscription à :
Articles (Atom)