6/30/2023


Les éditeurs de ce livre annoncent franchement la couleur en mettant en avant le portrait imaginaire de celui qui a si fameusement recommandé le plagiat aux aspirants créateurs. 



Copiez ce livre est un guide sur le droit d’auteur, rédigé par un artiste à l'intention des artistes, des designers, des créateur·ices et des makers. Ce livre adopte une approche à la fois pratique et critique pour guider les lecteurs à travers les différents concepts liés au droit d'auteur et la façon dont ils s'appliquent. Il se présente sous la forme d’un volume découpé en cinq chapitres thématiques, s’appuyant sur des exemples concrets et illustré par des images libres de droits et des créations originales de l'auteur. 
Copiez ce livre répond à des questions telles que : Comment obtenir des droits d’auteur ? Pour quels types d’œuvres ? Et pour combien de temps ? Comment le droit d’auteur se transpose-t-il selon les médias ? Et comment intégrer le travail d’autres artistes dans le vôtre 
Copiez ce livre détaille également les concepts de parentalité d'une oeuvre et de création originale qui définissent les systèmes juridiques actuels. Il offre ainsi des outils conceptuels permettant de participer aux débats contemporains concernant la propriété intellectuelle.

1/22/2023

Le Bar Maldoror perd son âme


Joël, l’hôte formidablement sympathique du bar de la  rue St Ambroise avec sa compagne Françoise , a quitté ce monde pour rejoindre peut-être celui d’Isidore Ducasse, en passant par le Père Lachaise. Ce passionné de Lautréamont, grand collectionneur et connaisseur de tout ce qui s’y rapporte, aura écrit l’une des pages les plus originales dans la grande et tortueuse histoire de la réception des Chants de Maldoror.

1/17/2023

«Beau comme Les Chants de Maldoror»

Pascal Durand, l'un des meilleurs connaisseurs et commentateurs des poètes et des poétiques du XIXe s., reprend dans son nouveau livre la contribution qu'il avait apportée au sixième Colloque international Lautréamont (Éditions du Lérot, 2003). Ducasse n'est pas, dans cette traversée du siècle, qu'un chapitre de plus: il y est de fait omniprésent (c'est aussi un effet de ses diverses façons d'être absent de son temps et présent dans le nôtre), au même titre que Hugo, Leconte de Lisle ou Mallarmé. Plus central au fond dans sa façon d'être énigmatiquement à côté, et contre, tout contre. Le parcours érudit que propose Pascal Durand, émaillé de close readings, tissé de références savantes mais toujours personnel, est en lui-même bien plus qu'un essai d'histoire littéraire qui raconterait une fois de plus les étapes de la modernité en poésie. Il s'agit aussi d'un mélange de déploration et d'espérance désabusée, cherchant à comprendre les impasses comme les complicités aléatoires entre des poètes, tantôt seuls et tantôt groupés, et une société égarée entre des croyances et des pratiques contradictoires. Un siècle en perpétuelle auto-déconstruction: c'est en cela, parce qu'elle l'exhibe avec une acuité sans égale, que l'oeuvre impossible de Ducasse touche au coeur douloureux d'une littérature éclatée, aujourd'hui vaste nécropole scolaire où ne survivraient paradoxalement, avec une énergie intacte, que Maldoror et Poésies.

1/16/2023

«Ducasse prend le train»


Sous ce titre intrigant, S.-C. David livre dans le dernier numéro d'Histoires Littéraires un superbe travail d'érudition ducassologique puisqu'il y révèle, avec des documents jusqu'ici inaccessibles ou inconnus, ce qu'il est réellement advenu des restes d'Isidore entre son décès le 24 novembre 1870 et 1885. 
L'exploit est remarquable et même l'imbattable François Caradec est ici dépassé, lui qui n'avait pu trouver le moyen de franchir le tunnel du Cimetière Montmartre (on comprendra toute l'importance de ce mot à la lecture de l'article).

En vente dans les bonnes librairies et auprès des Éditions du Lérot: 
https://histoires-litteraires.fr/au-sommaire/n91/
et par mail:
du.lerot@wanadoo.fr

12/08/2022

Lautréamont: de Maldoror aux Poésies




La journée de colloque du cent-cinquantenaire de la mort d'Isidore Ducasse organisée en partenariat avec l'AAPPFID (colloque retardé pour cause de COVID) s'est tenue à la Bibliothèque Nationale le 24 novembre, jour anniversaire de son décès. Un enregistrement en est disponible sur Youtube. Il ne prendra que sept heures de vos loisirs, pour la bonne cause.

«La poésie doit être faite par tous» - encore!


On sait depuis des lustres que la formule de Poésies II n'est pas de Lautréamont mais d'Isidore Ducasse et qu'elle n'a de sens que lue dans son contexte: 

«Les phénomènes de l'âme apaisent les sens, leur font des impressions que je ne garantis pas fâcheuses. Ils ne mentent pas. Ils ne se trompent pas à l'envie.

La poésie doit être faite par tous. Non par un. Pauvre Hugo ! Pauvre Racine ! Pauvre Coppée ! Pauvre Corneille ! Pauvre Boileau ! Pauvre Scarron ! Tics, tics, et tics.»

Quelle ironie que d'avoir ainsi malgré lui donné le jour à un des tics les plus tenaces de l'idéologie poétique moderniste (fort respectable par ailleurs) en devenant une sorte d'icône hyper-démocratique! Mais les tics sont comme les poux de Maldoror: une engeance proliférante que rien ne peut endiguer.

Voilà donc une fois de plus Ducasse en héraut pour tous et la poésie faite par tous, avec les meilleures intentions. 

Faut-il déplorer que Céline Pardo en rajoute une couche dans son (très bon) article de La vie des Idées en attribuant la formule à Lautréamont, ce que ne fait pas Olivier Belin?

C'est encore Ducasse (et non Lautréamont) qui nous incite à ne pas céder à la résignation : 

« L'existence des tics étant constatée, que l'on ne s'étonne pas de voir les mêmes mots revenir plus souvent qu'à leur tour...»

11/28/2022

Maldoror, Mazamet, Montevideo



Un nouveau mystère! D'où sortait l'exemplaire de l'originale de Maldoror offert dans cette vente? Originale, probablement, selon Bertrand Combaldieu, car le lieu d'édition mentionné est «Paris et Bruxelles», là où la reprise de 1874 ajoute :«chez tous les libraires».
Le bibliophile anonyme détenteur de cette édition est en fait bien identifié, comme nous le confirme Jean-Paul Goujon: «Il s'agit de Philippe Olombel fils, fils de Philippe Olombel (1819-1874), lequel était manufacturier lainier à Mazamet, et fut maire de Mazamet de 1860 à 1870. Ce Philippe Olombel fils demeurait en 1889 24 rue Godot-de-Mauroy, à Paris, et, en 1884, était devenu co-directeur de la manufacture textile de Mazamet. La famille était originaire de Mazamet (où il y a une place au nom de Philippe Olombel père). Petit détail : cette entreprise textile s'approvisionnait en laine en Amérique du Sud, avait ouvert 9 succursales à Buenos-Aires (1856-1877) et... quatre à Montevideo !Dans le Journal d'une certaine Mlle Jouve, elle écrit que son père, Émile Jouve, né en 1863, entra en 1879 au service de Philippe Olombel fils, "un riche industriel qui possédait, je crois, la moitié de Mazamet". Elle poursuit : "A 19 ans [soit 1882], on l'expédiait [son père] en Amérique du Sud, à Montevideo, à Buenos-Aires, comme acheteur de laine, ou plutôt de peaux de moutons. Là, il allait à la recherche dans la pampa.'» 
Peut-on imaginer une rencontre à Montevideo avec François Ducasse et, pourquoi pas? la remise par ce dernier d'un exemplaire de l'oeuvre de son fils, peut-être dans l'espoir qu'il abandonne la littérature pour se mettre à des choses sérieuses comme l'importation de laine? Avis aux chercheurs...