12/01/2017

On a retrouvé Joseph Durand




Après Louis Ducour récemment identifié, il ne restait plus qu'un seul inconnu parmi les mystérieux dédicataires des Poésies d'Isidore Ducasse. On le connaissait pourtant depuis longtemps mais encore eût-il fallu relire L'Europe Nouvelle comme vient de le faire Jean-Paul Goujon, ainsi qu'il nous l'explique:
«Dans la revue hebdomadaire L’Europe nouvelle du 4 avril 1925, on pouvait lire p. 460, dans la rubrique anonyme « Informations littéraires », un entrefilet sur Isidore Ducasse, né 79 ans auparavant. Anniversaire qui était l’occasion de rappeler un article d’Alicot paru dans La Dépêche de Toulouse, et faisant allusion à certaines fréquentations tarbaises de Ducasse. Passons sur quelques inexactitudes dues au rédacteur anonyme de L’Europe nouvelle (Poésies données comme inédites ; « les vers de Lautréamont-Ducasse ») : tout l’intérêt de son entrefilet réside dans une communication que venait de lui faire Bertrand Guégan sur les origines tarbaises de divers dédicataires de Poésies. Surgit alors cette étonnante précision, qui, elle, est bien inédite : « Joseph Durand était professeur au lycée ». Au lycée de Tarbes, s’entend.
     Comment Bertrand Guégan avait-il obtenu ces renseignements ? Nous l’ignorons, mais il faut rappeler qu’il avait publié, fin 1918, dans L’Armoire de citronnier un article, d’ailleurs assez réservé, sur les Poésies de Ducasse. Il avait eu, par la suite, l’occasion de s’intéresser davantage à ce mystérieux Ducasse, puisqu’il était directeur artistique des éditions de La Sirène, lesquelles avaient réédité, en 1920, Maldoror, puis, en 1922, Poésies, sous le titre paradoxal de Préface à un livre futur. Suivant cette hypothèse, on pourrait penser qu’il aurait peut-être pu entreprendre alors des recherches sur les dédicataires de Poésies. Rappelons qu’en 1923 Alicot avait fait paraître, dans l’édition tarbaise de La Dépêche du Midi, son article sur les séjours tarbais de Ducasse. Guégan eut-il connaissance de cet article ? La chose est possible, mais non certaine. Toutefois, son insistance sur Tarbes nous ferait nous demander s’il n’avait pas dans cette ville un ami ou un correspondant lui fournissant des renseignements.
     Un autre point d’interrogation est, dans l’écho de L’Europe nouvelle, la précision : « M. Bertrand Guegan [sic] (...) nous signale (...) ». Or, dans le numéro du 21 mars 1925, soit deux semaines avant l’entrefilet en question, était paru p. 391, toujours dans la rubrique anonyme « Informations littéraires », cet avis : « Le Disque vert prépare un numéro qui sera consacré à Lautréamont, l’auteur des Chants de Maldoror ». Fut-ce cette annonce qui incita Guégan à écrire à L’Europe nouvelle ? Question sans réponse, mais qui soulève une autre question : à qui écrivit-il ? On imagine mal qu’il ait écrit tout de go à la rédaction de la revue, à moins évidemment d’y connaître quelqu’un. Qui donc, alors ? Le seul nom que nous pourrions remarquer parmi les collaborateurs de la revue est celui de Francis de Miomandre, qui tenait une rubrique régulière de variétés, précisément dans la section « Courrier de Paris », où figurait également l’anonyme « Courrier littéraire ». Grand hispaniste, et par ailleurs bon laforguien, Miomandre n’ignorait certainement pas l’œuvre de Ducasse, mais cela ne suffit pas pour faire de lui un possible informateur de Guégan...
     Aux chercheurs de s’activer à présent, pour nous rapporter... les fleurs de Tarbes.»
   

11/13/2017

Houellebecq et Lautréamont: correspondances

Dans son excellent blog consacré à Michel Houellebecq Isabelle Dumas ajoute quelques correspondances à celles qu'avait relevées Dominique Noguez (ex: Je n’imiterai pas cette erreur et, laissant s’allumer d’eux-mêmes dans vos cerveaux les candélabres de la stupéfaction, je continuerai à dérouler les anneaux de mon raisonnement avec la silencieuse modération du crotale (EXT 106)Extension du domaine de la lutte, cité dans Dominique Noguez, Houellebecq, en fait, Paris, Fayard, 2003.).

Ainsi, dans Rester vivant« N’ayez pas peur du bonheur : il n’existe pas. »
« Vous connaissez le Bien. Vous connaissez le Mal. Ne renoncez jamais à les séparer ; ne vous laissez pas engluer par la tolérance, ce pauvre stigmate de l’âge. La poésie est en mesure d’établir des vérités morales définitives. »

10/06/2017

Michel Raskine nous entraîne sur les traces de Maldoror

Michel Raskine adapte pour la scène le sixième et dernier Chant de Maldoror

On se souvient tou-te-s de ce camarade de classe en filière littéraire, recroquevillé contre les boiseries sombres d’un des longs  couloirs du lycée, emmitouflé dans des écharpes et des gilets de laine aux couleurs automnales, le cheveu sale et négligé, qui dévorait ostensiblement Les Chants de Maldoror à chaque intercours, allant même jusqu’à en murmurer des passages à voix basse. Cette caricature nous avait (à tort) éloigné-e-s de cette œuvre poétique signée par le Comte de Lautréamont, pseudonyme utilisé par le jeune Isidore Ducasse, âgé d’à peine vingt-trois ans lors de la première impression de l’ouvrage en 1869 et décédé l’année suivante.
Si la force des images convoquées par les mots de Lautréamont a inspiré les surréalistes (et en particulier André Breton qui fait référence à l’ouvrage dans les Manifestes du surréalisme), elle n’a pas non plus laissé indifférent Michel Raskine, qui s’empare, pour sa dernière mise en scène, du sixième et ultime chant de Maldoror.

Une dangereuse promenade nocturne à travers Paris

Alors que les cinq premiers chants de l’épopée sont constitués d’une suite d’épisodes reliés les uns aux autres par la seule présence de Maldoror, mystérieux et maléfique personnage qui considère, non sans ironie, l’humanité comme une « race stupide et idiote», le chant 6 se rapproche par la forme du roman. On y suit les pérégrinations du jeune Mervyn (on notera la proximité phonétique du prénom avec vermine, autre qualificatif utilisé par l’auteur pour désigner les êtres humains), un adolescent anglais âgé de seize ans, entre la place Vendôme et le Panthéon, à travers la nuit parisienne. La ville devient ainsi le théâtre des désirs et des contradictions du personnage.
C’est le déplacement et l’exploration des rues de la capitale qui initient Mervyn à la transgression, qui lui font découvrir tour à tour la vie et la mort. Trois comédiens – Damien Houssier, Thomas Rortais et René Turquois – flanqués d’une carte de Paris font revivre sur scène ce voyage à la fois urbain et intérieur d’un adolescent qui s’ouvre au monde.

Maldoror/Chant 6, du 10 au 14 octobre aux Subsistances, 8 bis quai Saint-Vincent-Lyon 1 / 04.78.39.10.02 / www.les-subs.com
Source: Stéphane http://www.heteroclite.org/2017/10/michel-raskine-maldoror-chant-6-46498

9/10/2017

Lautréamont par Métivet

Lautréamont, à côté de Laforgue, Corbière et Charles Cros, vu par Lucien Métivet, illustrateur des "Poètes falots" de Georges Fourest. Image publiée sur Facebook par Yannick Beaubatie.

7/08/2017

Disparition: Hans Rudolf Linder

C'est Chrigel Fisch  qui nous communique cette information à propos de la mort à Bâle à 96 ans de ce vétéran ducassien, auteur dès 1946 d'une thèse toujours citée dans les bibliographies:

Am 23. Februar 2017 ist in Basel Hans Rudolf Linder im hohen Alter von 96 Jahren gestorben. Linder war Journalist und Feuilleton-Chef der damaligen National-Zeitung Basel. Seine Dissertation verfasst er 1946 an der Uni Basel über «Lautréamont: sein Werk und sein Weltbild». 1947 wurde die Dissertation gedruckt und gilt als eine der detailliertesten deutschsprachigen Arbeiten zum geheimnisvollen Autor Comte de Lautréamont*, bürgerlich Isidore Lucien Ducasse (Bild unten). Dieser war schon 1870 gestorben, im jungen Alter von 24 Jahren, an einem bösartigen Fieber, im von den Preussen belagerten Paris. Sein Hauptwerk, «Die Gesänge des Maldoror», war 1869 zwar gedruckt, aber bis zu seinem Tod nicht integral veröffentlicht worden. Sein Verleger fürchtete den Staatsanwalt. Völlig zu recht. Doch davon später oder in einem anderen Leben. Zuerst diese Beschreibung des Unbeschreibbaren.

Il nous informe en même temps de la publication d'un nouvel album du groupe bâlois de Heavy Metal Schammasch  construit autour de la strophe sur l'hermaphrodite des Chants de Maldoror:

«GESÄNGE DES MALDOROR» ALS THEMA MEHRERER SCHAMMASCH-RELEASES

Schammasch, die Basler Extra-Metaller, legen ein Jahr nach ihrem unglaublichen und hochgelobten Konzept-Triple-Album Triangle bereits ein neues, tollkühnes Album vor. Knappe 32 Minuten lang ist es und so dark wie es kein Sommertag jemals sein kann. Und auch kein Wintertag. Einziges Thema des Albums, das von der Band als erstes einer Reihe von Releases zu den «Gesängen des Maldoror» angekündigt wird, ist eine Passage aus dem II. Gesang dieses furchterregenden Buchs des umstrittenenen französischen Autors der «schwarzen Apokalypse» (H.R. Linder).

Der Szene des Hermaphroditen ist eine der lieblichsten, schönsten in diesem von Monströsität, Brutalität, Sadismus und pechschwarzem Humor dominierten fiktiven Roman. Dieser spielt teils vor und teils während der (möglichen) Schöpfungsgeschichte, also ausserhalb jeder realen Zeit. Und manchmal ganz banal in den Gassen des ärmlichen Paris. Maldoror**, der böse, aggressive Held, Ausgestossener und Gegenspieler Gottes, verbringt grosse Teile seiner Zeit damit, den Schöpfer erbarmungslos zu bekämpfen und zu verspotten. Er bezichtigt ihn selbst der allerersten Sünde überhaupt, noch bevor er die Menschen erschaffen hat. Eine der widerlichsten Szene ist diejenige eines sadistischen, blutrünstigen, verlogenen Gottes im Bordell (III. Gesang), aber davon ein andermal.


6/30/2017

Maldoror au Festival d'Avignon

Le Journal La Terrasse, bien connu des amateurs de théâtre, publie dans son spécial Avignon cet entretien avec Michel Rachline :

Le Petit Louvre / d’après Joseph Conrad / mes Michel Raskine
Le Petit Louvre / de Lautréamont / mes Michel Raskine

AU CŒUR DES TÉNÈBRES / MALDOROR – CHANT 6

Publié le 25 juin 2017 - N° 256

Pour la première fois présent dans le Off, Michel Raskine est à l’affiche du Petit Louvre avec deux spectacles : une adaptation d’Au Cœur des Ténèbres de Joseph Conrad et le dernier des Chants de Maldoror de Lautréamont.    
Crédit photo : Venkat Damara
Légende : Le metteur en scène Michel Raskine.
Crédit photo : Venkat Damara Légende : Le metteur en scène Michel Raskine.
Qu’est-ce qui vous a amené à présenter deux spectacles dans le Off, au Théâtre Le Petit Louvre ?
Michel Raskine : C’est un peu l’occasion qui a fait le larron, si je peux dire. J’aime bien quand les choses arrivent comme ça, au théâtre, que l’on se dit : « Et si l’on faisait ça »… Il se trouve que je connais bien Martine Spangaro, la directrice artistique du Petit Louvre. Une longue et profonde amitié nous unit. Quand nous avons parlé ensemble de la possibilité de présenter mon travail dans le cadre de sa programmation, il y a quelques mois, j’ai pensé à Au Cœur des Ténèbres, l’un des spectacles les plus légers que j’ai créés récemment (ndlr, en 2015, au Théâtre de L’Elysée, à Lyon). Mais l’idée d’aller à Avignon uniquement pour une reprise ne me satisfaisait pas vraiment. J’ai donc décidé de créer un autre spectacle, spécialement pour Le Petit Louvre, en me soumettant aux contraintes qu’impose l’économie du Off : élaborer une représentation dont le décor se monte en dix minutes.
C’est ainsi qu’est né Maldoror – Chant 6, tiré des Chants de Maldoror
M. R. : Oui, je me suis dit que pour répondre à la légèreté de la forme, il fallait un très grand texte. Comme pour Au Cœur des Ténèbres, j’ai pris le parti de l’adaptation, de la version scénique, me concentrant sur la dernière partie de l’œuvre de Lautréamont… Alors que j’ai très longtemps été attaché à créer des spectacles de texte, en investissant le champ des écritures contemporaines, je me suis ici laissé inspirer par le mouvement théâtral actuel qui tend à prouver que l’on peut raconter des choses avec des fragments. Ces deux propositions ne se veulent pas exhaustives. Ce sont des visions théâtrales à partir des écritures de Conrad et Lautréamont.
« Des visions théâtrales à partir des écritures de Conrad et Lautréamont. »
Qu’est-ce que ces visions révèlent de votre univers de metteur en scène ?
M. R. : Ces deux spectacles révèlent un théâtre pour acteurs, par les acteurs et offert aux acteurs (ndlr, Damien Houssier, Thomas Rortais, René Turquois interprètent Maldoror – Chant 6 ; Marief Guittier et Thomas Rortais interprètent Au Cœur des Ténèbres). Ce sont des propositions extrêmement adressées, qui induisent un rapport au public radical. Toutes deux portent un théâtre-récit issu du XIXème siècle, mais qui offre des échos immédiats avec notre époque. Le discours anticolonialiste de Conrad par exemple, dans Au Cœur des Ténèbres, claque aux oreilles !

Entretien réalisé par Manuel Piolat Soleymat

5/25/2017

Lautréamont à la Bnf

Mardi 30 mai 201718h30-20h00
Avec la participation de Florence Delay , Gabriel SaadMorgane LombardVéronique Duchemin et Emmanuelle Okbi.
Site François-Mitterrand – Grand auditoriumQuai François-Mauriac - Paris 13e

Entrée libre

5/11/2017

Plus que deux représentations!


Lautréamont, l’Aurore d’un nouveau siècle

L’  A u g u s t e   T h é â t r e ,  P a r i s
  5 & 1 2
L U N D I  22
M A I
À   2 1 h 0 0

 


Genre Comédie noire
Texte Bastien Telmon
Mise en scène Bernard Guérin
Avec Matthieu BenéteauFanny LucetBastien Telmon

« Lautréamont est mort ! Personne ne saura pourquoi. Ne priez pas pour lui ».
Dans le Paris assiégé de 1870, Isidore Ducasse meurt mystérieusement. Il a 24 ans. Son manuscrit « Les Chants de Maldoror » plonge dans l’oubli.
Nous voici entraînés par le personnage de Maldoror dans un vertige lautréamontesque. Burlesque, déjanté et inquiétant. Puis dans la réalité de la guerre. L’ennemi est aux portes de la cité. C’est le Siège de Paris. Paris, le nombril du monde ! Les Parisiens mangent les animaux du Jardin des Plantes pour survivre. Lautréamont vit ses derniers instants. La dure réalité d’une ville assiégée à l’aurore de la Commune et les songes décalés d’un feu follet…
Après avoir abordé un premier « poète maudit », Arthur Rimbaud, et nous être penchés sur sa vie fulgurante, notre chemin devait nous mener à Lautréamont. Immanquablement. Que de similitudes entre « l’homme aux semelles de vent » et l’étrange Isidore Ducasse. Que de mystères dans la vie de ces deux poètes ! Que de voyages ! L’Afrique et le soleil après une vie de poète pour Rimbaud, « Les Chants de Maldoror » et le Siège de Paris après une jeunesse en Amérique du Sud pour Lautréamont. [en savoir +]

RÉSERVATIONS :
06 17 20 19 71 ou augustetheatre@gmail.com ou Billet Réduc
Tarif plein : 16 € | Tarif réduit : 12 € | Billet Réduc 12,95 €
6, impasse Lamier 75011 Paris  
L'Auguste Théâtre
 

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Un spectacle créé par la Cie Le Rideau d’argent.
 
Cie LE RIDEAU D'ARGENT

Cie Le Rideau d’argent  Mairie, place de la Mairie 60120 Ansauvillers
SIRET : 795 033 547 00022 – APE : 9001Z
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