"...on lit dans un ouvrage de Bonald la maxime suivante :
« 9. Les grandes pensées viennent du cœur, dit Vauvenargues. Cette maxime est incomplète, et il aurait dû ajouter : les grandes et légitimes affectations viennent de la raison.[1] »
L’ouvrage, paru peu avant la publication des Poésies, a pu servir à Ducasse pour sa reprise. Si cette maxime est bien la source de Ducasse, il ne faut plus dire que Ducasse corrige Vauvenargues, mais que Ducasse corrige Bonald corrigeant Vauvenargues. Si Ducasse s’était inspiré de cette maxime de Bonald plutôt que de celle de Vauvenargues, cela signifie non pas uniquement qu’il veut innover en corrigeant les écrivains antérieurs, mais qu’il s’inscrit dans (ou se positionne en rapport avec) la tradition du commentaire apporté sur l’héritage intellectuel. « Rien n’est dit. L’on vient trop tôt depuis plus de sept mille ans qu’il y a des hommes. Sur ce qui concerne les mœurs, comme sur le reste, le moins bon est enlevé. Nous avons l’avantage de travailler après les anciens, les habiles d’entre les modernes. » écrit Ducasse (II, 154). Tout est dit. C’est cette esthétique d’un progrès intellectuel constant que ce poète défend."